
C’est l’abbé Pierre-Louis-Édouard Huet (1849-1916) qui eut le projet d’élever une église dans le quartier des Près du Hem.
Grâce à des concours précieux et à la générosité d’industriels, l’église va se construire sur un terrain acheté en décembre 1911 par l’industriel Alfred Breuvart. Armentières comptait alors 28 625 habitants. La construction commence en 1912, suivant les plans de l’architecte lillois Maurice Cockenpot (1879-1949), établis en janvier 1912.
Elle prend le nom de Saint-Louis, patron des ouvriers du textile, et prénom de plusieurs industriels bienfaiteurs.
Béni le 14 septembre 1913 par Mgr Alexis-Armand Charost (1860-1930), l’édifice de style gothique, à trois nefs, avec des proportions assez vastes s’ouvrait par un porche puissant à voûte d’arêtes, sur une nef centrale à grande élancée. Grâce au dévouement de son premier pasteur, l’abbé Anatole Dutemple, l’église fut pourvue de presque tout son mobilier dont une partie, l’autel et la chaire provisoires, avait été offerte par l’Institution Saint-Jude. La création de l’école de la rue des Patineurs s’ensuivit et fut placée sous la direction de Melle Combes.
Une entrée en guerre dramatique
Moins d’un an après la bénédiction, la France entre en guerre avec l’Allemagne le 1er août 1914. L’abbé Dufour, prêtre de la paroisse, se trouve au cœur d’un incident douloureux pour la ville. Par une fâcheuse coïncidence, le 10 octobre, il fait sonner la cloche pour inviter les fidèles à la messe au moment même où les troupes allemandes entrent dans la ville. Arrêté et menacé de mort, le prélat ne doit son salut qu’au paiement d’une forte amende versée par la Ville, dirigée alors par Henri Chas fils (1872-1941). Montant de la facture : plus de 10 000 francs. Il ne restait alors plus que 1 500 francs dans les caisses pour aider les pauvres et les personnes relevant du bureau de bienfaisance.
En 1914, dès leur arrivée à Armentières, les Allemands creusent des tranchées dans les Prés du Hem pour installer des canons et consolider ainsi leur position pour résister à une éventuelle attaque par Nieppe.
L’occupation commence par un drame. Le jeudi 15 octobre, l’occupant arrête quatre Armentiérois, les conduit au café Catteau (aujourd’hui la brasserie Les Cinq Chevaliers, à l’angle des rues de Messines et des Résistants), face à la gare annexe (aujourd’hui l’entreprise de vente et de montage de pneus Speedy), où l’état-major allemand a établi ses quartiers. Accusés de porter des cartouches allemandes et donc considérés comme espions au service des Anglais, les quatre malheureux sont immédiatement exécutés, après avoir été contraints de creuser leur tombe, dans le terrain vague de la gare annexe !
À partir du 20 octobre 1914, les bombardements sont presque journaliers. L’ennemi s’acharne sur les cheminées d’usine et sur les clochers des églises qui constituaient d’excellents observatoires pour les Anglais. Le 22 juillet 1916, la flèche de l’église Saint-Louis est touchée à sa base et s’effondre de tout son poids sur la voûte principale. Puis, les rafales d’obus s’abattent sur les murailles, le clocher. En ville, la situation devenant intenable, l’ordre d’évacuation totale est donné le 12 août 1917 par les autorités anglaises.
La reconstruction
L’église Saint-Louis fut la seule église d’Armentières à ne pas être anéantie, bien que sérieusement ébranlée. La cloche avait disparu, emportée par les Allemands qui avaient occupé la cité du 9 avril au 10 octobre 1918. Et en 1919, les décombres de la ville furent déversés dans les Prés du Hem.
En attendant la réouverture de l’église, les cérémonies religieuses se firent d’abord chez un particulier, Romain Rondelez, avenue Bayart, puis dans la chapelle des Petites Sœurs des Pauvres de l’hospice Mahieu, rue Denis-Papin. Le 15 août 1920, fête de l’Assomption de la Vierge, les locaux restaurés de l’école de la rue des Patineurs servent d’église provisoire. L’enseignement scolaire est dispensé à l’Institution Saint-Jude, pour les garçons, et à la rue Butin, pour les filles et les enfants. L’école du quartier est rouverte en 1922. Les religieuses de la congrégation de la Nativité de Notre-Seigneur Jésus-Christ, qui dispensent l’enseignement sont logées dans la maison de fonction de la rue des Patineurs.
Le 22 novembre 1922, enfin, l’église rouvre ses portes avec une nouvelle cloche, appelée Marie-Claude, don de M. et Mme Charvet. Les vitraux ne seront installés qu’en 1932 par les peintres verriers Charles David et Lesage de Lille. Dans le fond de l’église, un petit monument composé d’un ange ailé près duquel un soldat est appuyé, porte les noms gravés de soixante soldats du quartier Saint-Louis, tués lors de la Première Guerre mondiale.
La renaissance du quartier entraîne l’ouverture de nouvelles rues, comme la rue des Patineurs.
Nouvelle épreuve
Lors de la Seconde Guerre mondiale, l’aviation allemande bombarde Armentières pendant quatre jours, du 24 au 27 mai 1940. Le bombardement du 27 mai ébranle l’église Saint-Louis et brise quelques vitraux. Ils seront restaurés par le peintre verrier Jean Laurant de Lambersart en 1950. En 1972, c’est l’ouverture de la dernière rue du quartier, Bracke-Desrousseaux, la vingtième.
Les religieuses de l’école, mère Marie, sœur Véronique et sœur Faustine, quittent Armentières en 1977, et seule une tombe au cimetière communal rappelle leur présence dans la ville. Dans cette tombe reposent mère Victoria Roman (1873-1936) et sœur Marie-Agnès Marson (1908-1968). La figure marquante de cette communauté religieuse reste, pour de nombreux paroissiens, sœur Marie-Clara qui a passé vingt-sept années à l’école Saint-Louis, de 1933 à 1960.
En 1980, l’abbé Libeer quitte la paroisse pour être remplacé par l’abbé Joseph Delepierre. Peu après l’arrivée de ce dernier, d’importants travaux sont entrepris, en 1983. Un nouveau coq est installé. Il est malheureusement victime de la tempête du 25 janvier 1990. Elle brise la croix qui le supportait. Descendu de son perchoir, il n’est replacé qu’en mai 1992.
L’abbé Delepierre, dernier curé de la paroisse, décède en 1996. Il est remplacé par l’abbé Gérard Réniers, également curé de Saint Vaast et de Saint-Roch. En effet, suite à une diminution significative de la vocation, le manque de prêtres entraîne le regroupement des églises.
Depuis le 30 novembre 1997, l’église Saint-Louis fait partie de la paroisse des Douze-Apôtres qui comprend aussi les églises Saint-Vaast et Saint-Roch (fermée et abattue en décembre 2002). L’abbé Réniers a laissé sa place à l’abbé Bruno Leurent en 1998, remplacé en 2007 par l’abbé Maurin Van Meenen et en 2016 par l’abbé Luc Lesage
Les vitraux de l’église ont été restaurés en 2020 et les protections de ces derniers ont été remplacées.